La plus grande oeuvre du général de Gaulle

Pour clore une exposition de la collection itinérante proposée par la Fondation Charles de Gaulle sur le Général, on me pria de venir évoquer de ce que fût la plus grande oeuvre du Général de Gaulle

Seulement avant de fournir la réponse, je voulus poser la question et j’instaurai un débat avec la salle. A ma grande surprise, les réponses furent différentes, et souvent divergentes.

Pour certains, ce fut la stratégie et l’arme mécanique, proposées aux décideurs de la Troisième République. Pour d’autres, la rupture avec l’esprit d’abandon et le départ à Londres, pour beaucoup c’était l’appel du 18 juin. Puis vinrent la bataille pour libérer la Patrie, le gouvernement de 44, celui de 58, la décolonisation, issue du discours de Brazzaville, qui changea la face du monde. Pour les constitutionnalistes, ce fut Bayeux et le projet constitutionnel. D’autres penchent pour Phnom penh avec le droit des peuples à disposer d’eux mêmes et la politique de non alignement. Pour beaucoup ce fut la modernisation de la France, l’œuvre sociale : la participation.
Un haut fonctionnaire présent dans la salle dit : Pour moi, aucun doute, ce furent « La résurrection du regard des Français sur la France qu’il a suscité et le nouveau regard que le monde a posé sur la France.

Le temps ayant passé, je suis aujourd’hui persuadé que notre Haut Fonctionnaire a eu raison, le Général en modifiant le regard des Français et des Hommes sur la France a changé le monde. Seulement nul ne peut oublier le reste, tant l’oeuvre est immense et essentielle.

Avec « Vers l’armée de métier » il démontre que les chars bouleversent la tactique et qu’ainsi la manoeuvre est assurée et la victoire à portée de tourelle

Contre l’esprit d’abandon qui a contaminé nos décideurs en juin 40 qui suscite aussitôt chez le Général la volonté de remettre la France dans la bataille. de Gaulle, part à Londres, il est pratiquement seul, et fait penser au pauvre petit roi de Bourges. Mais quel courage, une fois de plus dans notre histoire, l’énergie, la volonté d’un seul, sauva l’essentiel. . Sans le Général de Gaulle, la France aurait été occupée par les Alliés par la faute de quelques-uns.

Quel temps perdu, quelle énergie dépensée par Monsieur de Gaulle, pour sortir la France de l’appétit d’un Roosevelt pour notre Empire. Tout cela à cause de son mépris complet de la souveraineté française, et de sa sympathie persistante pour le Maréchal, considéré par Roosevelt, comme un barrage contre le communisme.

N’oublions pas, que deux fois et officiellement, le Président des Etats-Unis a parlé de l’occupation de la France après la guerre et par ses troupes. Rappelons aux générations qui nous suivent, ce qu’était le projet AMGOT : « Des Préfets américains, formés aux Etats-Unis pour gérer la France. Une monnaie d’occupation imprimée pour remplacer le Franc élément essentiel de notre souveraineté ». Si le Général ne s’oppose pas avec énergie à ce projet monstrueux, nous passions d’une occupation vert de gris, à celle des jeans délavés. Il a fallu qu’il bataille pour que le Général Leclerc, à la tête de la 2ème DB, délivre Paris. Mais il avait fallu auparavant que la France de de Gaulle, fasse ses preuves. Comme par exemple lorsque le Général Juin, à la tête de troupes françaises et de ses Tabors Marocains, prennent le Mont Cassin, et c’est l’immense victoire de Monte Cassino. Juin et ses troupes ont ouvert la route de Rome aux alliés, alors que ces derniers s’épuisaient contre des Allemands bien retranchés.

Grande Oeuvre du Général de Gaulle que d’avoir transmis sa foi à des Français qui offrirent leur vie pour leur pays. Il a su faire inscrire en lettres de sang l’épopée des Français : à Bir-Hakeim, « la nation a tressailli de fierté ;en apprenant ce qu’ont fait nos soldats à Bir Hakeim. Braves et purs enfants de France qui viennent d’écrire avec leur sang, une de ses plus belles pages de gloire » – puis le Fezzan, la Tunisie, la Corse, l’Italie, et enfin Paris, « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé. Mais Paris libéré, libéré par lui même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la France .

Jamais plus belles pages d’Histoire ne furent écrites par un homme pour être offertes au peuple de France. Puis ce fût Strasbourg, délivrée par les troupes du Général de Lattre de Tassigny, et n’oublions jamais, cerise sur le gâteau, la prise du nid d’aigle de l’infâme, par les troupes du Général Leclerc.

Le Général de Gaulle fût le libérateur de la Patrie. D’abord contre les ennemis internes de la nation, « la France trahie par ses élites dirigeantes et par ses privilégiés » et cela grâce aux sacrifices de Français restés en France, à qui il a su faire partager sa foi dans notre pays, « mais le coté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle même qu’au premier rang » Quel partage, depuis des années, quelque chose de fort, unit à nouveau les Français, autre chose que l’esclavage partagé pendant trop longtemps. Nous pouvions enfin lever la tête et dire NON.

Ensuite, il a libéré la France contre ses amis. Rappelons nous une fois de plus : que Roosevelt en avril 44, donna des instructions à Eisenhower, en vertu desquelles, c’était au Commandant en Chef, c’est à dire à lui, Ike, qu’appartiendrait le pouvoir suprême en France. Heureusement le Général de Gaulle, grâce aux sacrifices des Français, au génie de la France, à ses propres actions, sans cesse renouvelées, a pu démontrer que les Français, et lui à leur tête, étaient non seulement capables de se gouverner eux mêmes, mais que les américains avaient besoin d’eux pour gagner la guerre et que notre volonté de bouter l’ennemi hors du territoire sacré de la patrie, était facteur de victoire : Eisenhower l’a enfin reconnu et déclara au Général « Pour la future bataille j’aurai besoin, non seulement du concours de vos forces, mais encore de l’aide de vos fonctionnaires et du soutien moral de la population française. Il me faut donc votre appui, je viens vous le demander » lSTLSa messe est dite, le Général put, à Bayeux, affirmer « que sur le sol des ancêtres réapparut l’Etat » le Général de Gaulle avait redonné à la France, son honneur et sa place dans le monde, aux Français à nouveau l’espoir dans leur pays et dans leur avenir.

Voilà une part de l’oeuvre du Général de Gaulle.

Deux choses ensuite, dans l’ordre d’importance pour nos amis : le départ pour Londres , rupture, sans retour possible, avec l’esprit d’abandon. Le Général devient un rebelle, il sera condamné à mort pour cela. Puis il y a, l’appel du 18 juin venu du fond des âges, « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra jamais. Les Français n’accepteront pas la capitulation ni la servitude, pour des raisons que nous nommons l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la Patrie … « Moi Général de Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.Puis il y a les affiches placardées qui diffuseront une phrase connue maintenant de tous : la France a perdu une bataille ; mais la France n’a pas perdu la guerre. Le Général entreprend à ce moment là, une tâche surhumaine, lutter contre les ennemis, contre les amis, il organise aussi la lutte de la nation contre l’empire, il sauve la France des oubliettes de l’histoire dans laquelle trop de gens voulaient la faire disparaître.

L’espoir est retrouvé, autre grande oeuvre du Général .

Question avant de revenir aux oeuvres Qui était le Gal de Gaulle ? Régis Debray nomme de Gaulle : le prophète de la nation, je parlais tout à l’oeuvre du missionnaire de Gaulle, Régis Debray a raison, il s’agit du Prophète de la nation, et je ne résiste pas à citer encore Régis Debray sur la France, avec ce regret d’une période ou la France pesait encore, par le choix du mot juste, sur le cours des chose et du monde.

Puis, toujours dans l’ordre d’importance, le discours de Brazzaville 30 janvier 1944, ou furent énoncés, la reconnaissance du devoir accompli, l’œuvre civilisatrice de la France, son génie. Nous sommes loin des repentances exprimées ces dernières années. Mais le Général a aussi parlé de la condition de l’homme, il faut que chaque individu lève la tête, regarde au delà du jour et s’interroge sur son avenir, puis…si ces hommes « ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau ou ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires, c’est le devoir de la France qu’il en soit ainsi »

La route est tracée pour la transformation de l’Empire en Union française, le Général a imposé ce jour là, ce que l’avenir aurait imposer de toute façon : L’émancipation des Peuples, la souveraineté des Etats retrouvée, la liberté pour les hommes.

Bien évidemment, quelques 60 années après, ce discours, les termes employés, la volonté, la ligne désignée, celle de la décolonisation, tout cela paraît naturel. Mais à l’époque, oser toucher à l’empire et aux colonies, il fallait s’appeler Général de Gaulle pour dessiner, à ce moment là, cette vision qui allait à contre courant de ce que pouvaient penser les Français.

La décolonisation des États, la libération des Hommes, voilà une œuvre du Général et si l’on posait cette question à tous les hommes dans le monde : quel a été le plus grand pendant le 20ème siècle, Je pense que Notre Général trouverait facilement sa place sur les plus hautes marches du podium.

Dans les œuvres réalisées par le Général, il y a sans aucun doute possible, les réalisations de son Gouvernement du 25 août 1944. Voici le Général arrivant au 10 de la rue St Dominique, qu’il avait quitté le 10 juin 40 et d’où il se mit à gouverner la France – Sa première impression : Rien n’a bougé, rien n’y manque, excepté l’Etat. « Il m’appartient de l’y remettre, aussi m’y suis-je installé » déclara le Général. C’est énorme, la seule prise de pouvoir sans qu’il y ait eu effusion de sang, ni contestation publiquement affichée.

Ce Gouvernement, qui durera du 25 août 44, au 20 janvier 46, donc 29 mois, moins 5 jours, personne à l’époque ne le sait encore mais il sera le record en matière de longévité jusqu’en 1958.

Les oeuvres de ce Gouvernement : droit de vote accordé aux femmes, rendez vous compte que ma Mère, comme beaucoup d’autres institutrices, sortie de l’école normale à la fin de la 3ème République, avait le devoir d’éduquer les enfants en matière de civisme et sur tout ce qui touchait la République, sans avoir le droit de voter. Un comble. Le Général mit un terme à cette énorme bétise

Et puis, il y a la transformation radicale de notre société avec l’ordonnance du 19 octobre 1944 par laquelle le Général de Gaulle institue la sécurité sociale. La plus grande réalisation de ce gouvernement et de l’époque. Il annule ainsi, après des siècles de peur, l’angoisse du lendemain.

Soulignons de deux traits cette oeuvre immense, qui renforce la nation, désormais soudée, non seulement ; par l’histoire commune ou partagée, mais par la solidarité entre les hommes et entre les générations.

En janvier 46, ce sera le commissariat au Plan, organisme destiné à suivre l’évolution de l’économie, à la prévoir, à lui indiquer la route à suivre. Ce commissariat supprimé par L. Jospin et J. Chirac nous fait bien défaut aujourd’hui, il serait temps de le réinstaller.

Puis aussi, la création des comités d’entreprise (ordonnance du 22 février 1945) qui doit associer largement l’ouvrier à la vie de l’entreprise, faire en sorte que l’intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l’intérêt général et le Président du Gouvernement, ouvre ainsi la porte à la démocratie sociale et met en application les travaux de l’église sociale. De Gaulle, fit à ce moment là de la France un exemple, comme Saint-Louis fit de notre pays un royaume exemplaire.

Assurer et assumer la souveraineté française, imposer l’ordre et la loi, la justice aussi en cherchant toujours le juste milieu entre ordre et justice. Exiger au-dehors, le respect des droits de la France, refaire son unité, plier à l’intérêt commun les éléments divers de la nation pour la mener au salut. Voilà l’oeuvre, mais au delà de cela, le Général a relevé la France en 1944, alors que notre activité économique avait baissé de prés de moitié. Il fera la même chose en 1958, il a donc engagé par deux fois, notre pays sur la voie de la prospérité.

En 44, il fallait, et cela fut fait, reconstituer l’armée.

Faire acquérir par la nation la propriété des principales sources d’énergie. Faire assurer toujours par la nation et cela aussi fut fait, le contrôle du crédit, ce fût la création d’un Conseil national du Crédit, la nationalisation de la Banque de France et de 4 banques de crédit.

Il fallait et cela fut fait : Rétablir le Conseil économique que Vichy avait supprimé et qui deviendra en 58 le conseil économique et social, celui justement que le Général voulait faire entrer en partie dans la composition du Sénat, avec le référendum d’avril 69.

Il fallait et cela fut fait : Relever la natalité française et ce furent les allocations familiales.

Ce fut aussi, l’Ecole Normale d’Administration, chargée de former les principaux fonctionnaires de l’Etat, et que créa sur le papier Michel Debré. Dommage que le but de cette école ait été détourné, les futurs administrateurs choisissent plutôt la politique.

Il fallait relever les salaires, ils le furent de 40%.

Il fallait tout financer : les reconstructions, les décisions pour le renouveau qui avaient été prises, cela fut fait grâce à l’emprunt de la libération, qui dépassa de prés de moitié ce qui avait été espéré.

Ensuite : c’est le contrôle de la circulation monétaire, le raccourcissement de la dette à court terme, – L’Etat peut désormais payer ce qui doit l’être et reprend ainsi sa condition d’Etat libre, indépendant et notre nation redevient souveraine. Qui d’autre que le Général de Gaulle aurait pu aussi vite sortir la France de l’ornière dans laquelle la guerre l’avait poussée ? Voilà une partie de l’œuvre du Général, malheureusement, les partis ragaillardis recommencèrent à jouer à leurs jeux destructeurs, et le dimanche 20 janvier 1946, le Général de Gaulle renonce à ses fonctions de président du Gouvernement provisoire de la République.

L’oeuvre du Général avec ce Gouvernement fut énorme. Mais son départ, même s’il ne manqua pas de grandeur, fut une catastrophe pour le pays, car l’oeuvre restait et restera, jusqu’en 58, inachevée.

Alors pour reprendre un ordre chronologique, le rebelle qui s’enfuit à Londres, la Guerre, le gouvernement d’Alger, la libération, le Gouvernement provisoire de la République. L’oeuvre accomplie aurait suffi à beaucoup, mais pas au Général, qui le 16 juin 1946, prononça à Bayeux, un discours qui dessina ce que seront la Vème République et sa Constitution.
Nous nous rappelons :« c’est ici que sur le sol des ancêtres réapparut l’Etat …mais aussi la suite ? Voilà qu’une fois assuré le salut de l’Etat, dans la victoire remportée et l’unité nationale maintenue, la tâche par-dessus tout urgente et essentielle était l’établissement de nouvelles institutions françaises »

J’ai eu l’honneur de suivre, en 1992, un colloque « la Vème République en question » auquel participaient Raymond Barre, Michel Rocard, Jean Charbonnel, Léo Hamon. Montèrent à la tribune de grands constitutionnalistes de l’époque : Didier Maus, Guy Carcassonne, Pierre Dabezies, avec lequel j’ai souvent travaillé, et Réné Remond. Il a été affirmé lors de ce colloque que Bayeux et la constitution qui en résulta, font partie de l’oeuvre du Général, parce que les institutions de la Vème sont l’actif le plus solide dont la France dispose. Que ses successeurs aient transformé le septennat en Quinquennat est une énorme erreur politique m’a dit Madame Marie-France Garaud lors d’une de mes émissions de radio

Avant que le referendum sur le quinquennat ne détruise en partie cette oeuvre du Général, nous avions lors de ce colloque, dressé un premier bilan : les institutions de la Vème République nous ont assuré : stabilité et efficacité. Elles ont offertes à la France un gouvernement stable, ce qui ne s’était pas vu depuis des lunes. Pendant ma jeunesse, si vous vous bouchiez les oreilles quelques instants, vous étiez dans l’incapacité de donner le nom du nouveau Président du Conseil des Ministres. J’ai connu un Ministre de l’éducation, qui, le premier jour de son Ministère était venu inaugurer une école dans son village et qui en rentrant à Paris apprit qu’il n’était plus Ministre.

Nos institutions répondent au besoin de liberté, à celle de tous les citoyens. Elles y ont ajouté les notions de progrès et de bonheur.

Le système dont est issu la Vème République est démocratique, il a permis l’alternance qui apporte la preuve que la stabilité ne conduit pas obligatoirement à l’immobilisme.

Que nous ont apporté ces institutions ? Un Président de la République, qui devient la clé de voûte de l’ensemble du système institutionnel et tant que le septennat est resté la pierre angulaire de l’édifice, tout à parfaitement fonctionné : La fin de la guerre d’Algérie, la démission du Général, la mort du Président Pompidou, l’alternance. Dans tous ces cas, les institutions mises en place par le Général ont tenu bon et nous ont protégé de tous les aléas.

Ces institutions nous ont apporté : le Conseil Constitutionnel – Nous ne nous rendons pas toujours compte qu’avant lui, rien, ni personne, ne contrôlaient rien. A la question de conformité d’un Traité par ex, aucune institution ne pouvait apporter de réponse. Regardons de prés ! Art 26 de la constitution de la IVème République :

Les traités diplomatiques régulièrement ratifiés et publiés ont force de loi dans le cas même ou ils seraient contraires à des lois françaises. Il n’y avait donc plus rien à dire ni à faire .
Ce Conseil Constitutionnel, mis en place par la Constitution de la Vème, est un élément d’équilibre entre le Gouvernement et le Parlement, il est le garant des libertés fondamentales, ce qui porte la France au dessus de la mêlée en matière de liberté.

La constitution de la Vème République pourrait se résumer ainsi : Une Président qui préside vraiment, un Gouvernement, qui avec le septennat gouvernait vraiment, un Parlement qui parlemente et légifère réellement.

L’oeuvre du Général, dans le domaine institutionnel, est d’avoir inspiré des institutions durables, qui ont été capables de survivre à la première génération, celle des fondateurs, et d’avoir continué ensuite leur route, même si quelques usurpateurs ont voulu la défigurer. L’oeuvre du Général est d’avoir agi dans la légalité et d’avoir appliqué 4 principes primordiaux ; Le suffrage universel est la source des pouvoirs législatif et exécutif, le législatif est séparé de l’exécutif, le Gouvernement est responsable devant le Parlement, l’autorité judiciaire est indépendante, et assure le respect des libertés essentielles, telles que définies par le préambule de la constitution de 1946, dans laquelle est inscrite la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Les Français ne s’y sont pas trompés ; s’ils sont allés à nouveau, chercher le Général en 1958, c’est à cause de la dégradation de l’Etat, de la menace d’une guerre civile, de notre soumission aux pays étrangers. De Gaulle, dans notre esprit, était dans ces périodes d’abaissement de la France, la faiblesse du moment capable de dire NON à la force. Son nom pouvait suffire à tenir en respect les hégémonies extérieures et puis, il était le seul à comprendre cette accession à la quintessence de la politique qu’est la souveraineté- Et les Français savaient que sur ce sujet le Général ne transigerait jamais.

Le Général de Gaulle voulait le Rassemblement du peuple français tout entier, c’est à dire, celui de Jules Michelet et celui de Charles Péguy. A partir de ce rassemblement, mais à partir seulement, il était possible de mener la politique d’indépendance pour la France que voulaient le Général, les Gaullistes et la majorité des Français d’alors. Seulement pour mener cette politique, il fallait que notre pays conserve ses attributs incontournables que sont :

Une constitution qui l’affirme, une armée qui la protège, une monnaie qui la manifeste, un peuple rassemblé qui la soutient.
Ceci ne provient pas du Général, mais de Monsieur Etienne Burin des Roziers, son ancien secrétaire général à l’Elysée, qui nous l’a dictés pour notre livre écrit en commun, que je citais tout à l’heure.

Nous constatons malheureusement que quelques–uns de ces attributs ont disparu armée, monnaie, peuple rassemblé. N’est pas Général de Gaulle qui veut.

L’oeuvre du Général avec la 5ème République, c’est la nation retrouvée. Le patrimoine national reconstitué et défendu. L’acceptation de l’héritage de tous les grands morts qui d’une génération l’autre avaient fait la France, sans que pour cela le Général soit resté le contemplateur d’un passé national aussi prestigieux fût-il. La Vème République construite par le Général, c’est une France moderne, avec une production industrielle qui a doublé, un PNB qui a augmenté dans des conditions uniques pour un pays industrialisé, des investissements productifs qui ont augmenté de moitié, une période économique la plus brillante de notre histoire, avec des performances exceptionnelles en matière d’éducation, de soins, de logements. Sous le Général de Gaulle les salaires ont augmenté en moyenne de 4% l’an, (argent constant) ce qui donna comme résultat une consommation des Français qui augmenta de plus de 50%, les transferts sociaux, allocations familiales, retraites, tout fut augmenté, nous pouvons dire merci au Général, car nul depuis n’a su prendre la même route.

Et pourtant ce jour de 1958, où le Général entra à Matignon, la situation est catastrophique, je cite en partie Pierre Lefranc : plus de réserves en devises, le montant de la dette est énorme, le déficit est de plus de 5% du budget, la valeur du Franc est toujours réduite par une inflation galopante, la France est quasiment en faillite et quémande auprès des américains, afin de terminer ses fins de mois. En quelques semaines, la situation a été inversée, grâce à la confiance que le Général avait su ramener dans le Pays, comme à l’extérieur de la France. Comme en 44 le Général lance un grand emprunt qui sera couvert en 3 jours. A nouveau, l’Etat peut régler ce qu’il doit. Puis, ce sera le nouveau Franc, le blocage des prix pour éviter que l’inflation galope, la réussite de son plan fut complet parce que le Général y associa les populations. Tout fut stabilisé grâce au 5ème plan qui demanda à ce que la production fut augmentée, et que la productivité fut accrue, enfin notre compétitivité fut sans faille.

Dans le même temps, la défense nationale fut assurée : Pour le Général, la défense nationale devait impérativement être française et elle le fut, notamment grâce à l’explosion de la première bombe atomique française dans le désert du Sahara, le 13 février 1960. La théorie de la réponse du faible au fort, proposée par le Général Gallois au Général de Gaulle à l’Hôtel la Pérouse en 1956, avait porté ses fruits. Je connais parfaitement l’histoire que m’a raconté le Général Gallois. « De Gaulle avait compris, me dit-il ce jour là et en une heure qu’avec peu d’armes nucléaires on matérialisait un fort potentiel d’intimidation. Que le faible se révélait alors capable de tenir le fort en respect ». La politique de défense étant le corollaire de la politique étrangère, la bombe offre au Général le retour de la France dans le concert des grandes nations. Elle lui permet de faire quitter nos armées du commandement intégré de l’OTAN. Cette bombe devant être transportée, c’est encore le Général Gallois, qui chez Dassault, participera à l’élaboration du Mirage IV, qui fit de la France une des premières puissance aérienne au monde.

Profitons de cet instant pour réfléchir sur le plan de dénucléarisation proposé par le Président Obama. La bombe qui n’a jamais servi, depuis que deux pays la possèdent, a chassé les grandes « étripailleries » du 20ème siècle. Ne recommençons pas avec les boucheries, la peur du cataclysme évite les guerres, nos missiles emportés par nos sous-marins nucléaires nous permettent encore de compter dans le monde et d’assurer notre sécurité par la crainte qu’ils suscitent.

La politique étrangère du Général et là je laisse la place à Monsieur Pierre Maillard, Ambassadeur de France et Conseiller diplomatique du Général de Gaulle de 1959 à 1964 et Président du Forum Pour la France, dont je suis le secrétaire Général.

Cette politique a pris pour référence primordiale, non seulement l’existence de la nation, mais sa valeur en tant que phénomène de groupement social et moteur d’action efficace, avec comme première exigence, le concept d’indépendance, étroitement liée à la souveraineté, ceci n’excluant pas une dose notable d’interdépendance des peuples. Je ne peux résister à vous citer cette phrase du Général : « Si grand soit la taille du verre que l’on vous tend de l’extérieur, buvons dans le notre, et trinquons aux alentours », Qu’en si peu de mots tellement de choses sont dites.

Je laisse à nouveau l’Ambassadeur de France Pierre Maillard : Ensuite existait la notion d’intérêts, et dans tous les domaines, le Général suivant en cela, cette préoccupation d’intérêts qui fut pendant des siècles au centre de notre politique étrangère.

Pour lui, toute préoccupation d’idéologie devait être bannie de la diplomatie, sauf pour la propagation vertueuse de certaines valeurs universelles – droit – liberté – humanisme- qui ont fait le renom de la France.

Il voulait aussi que s’impose une exacte appréciation des réalités internationales.

Notre diplomatie devait donc posséder une visée mondiale, avec la persistance de nos zones d’influence, liées à nos possessions d’outre mer et aux facteurs historiques, qui permettaient grâce à une action et une présence étendues au monde, la sécurité de nos sources d’approvisionnement qui devait rester la préoccupation majeure de notre diplomatie.

Le Général était conscient que la France n’était plus au temps de Louis XIV ou de Napoléon, mais ce jugement n’excluait pas une vision confiante dans le destin de notre pays.

Indépendance, souveraineté, non alignement, l’Etat contre la féodalité, la nation contre l’empire, la vocation de la France qu’il voulait continuer à promouvoir avec sa mission de paix et d’humanisme. Rappelons nous : « Il existe un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde ».

Voilà l’oeuvre du Général en matière de politique étrangère : Paix, humanisme, et grandeur de la France
« qui n’est elle -même qu’au premier rang ».

Voilà pour les oeuvres réussies, mais une, reste inachevée, parce que combattue et jetée aux orties, par des Gaullistes ou pseudo-Gaullistes. La PARTICIPATION qui devait être la grande réforme du siècle dernier. La notion de participation, dans l’esprit du Général, englobait l’ensemble des phénomènes sociaux et avait obligatoirement des implications directes dans le système politique.

Rappelons nous : Ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant. Autre chose. Quoi ? Et bien quelque chose de simple de digne et de pratique qui est l’association, il s’agissait bien là aussi d’un projet politique, avec toujours la recherche de la troisième voie.

Volontairement, sur le triptyque de la participation annoncée : Participation des travailleurs à l’activité de leur entreprise, participation aux résultats et au capital, et participation aux décision, seule la participation aux résultats a été retenue, celle que certains appellent : l’intéressement.

Et pourtant le Général désirait autre chose écoutons le : « Nous prétendons faire de la France ce qu’elle doit être suivant sa vocation, je veux dire un modèle et un guide quant à la condition des hommes ». Participer activement à son véritable destin, voilà la grande réforme française de notre siècle a t-il dit :

La participation ne pouvait être seulement un cadeau distribué ça et là, elle devait changer les structures de notre société. Très éloignée du matérialisme scientifique des marxistes, et de l’égoïsme et de la concurrence perpétuellement organisée par les capitalistes favorisant la loi du plus fort et l’asservissement du monde du travail . Il fallait combattre l’exploitation de l’homme par l’homme et l’éternel abus. Le 24 avril 1969, le Général a trébuché sur son projet, mais Pierre Lefranc me disait que l’idée de la Participation avait fait son chemin et que certaines réalisations avaient été accomplies.

Alors les gaullistes historiques, quelques personnalités et votre serviteur nous nous sommes peut-être tous trompés.

Car c’est certainement cette oeuvre inachevée de la Participation, qui au fil du temps ; s’inscrira dans l’histoire comme. LA PLUS GRANDE OEUVRE DU GENERAL DE GAULLE. Tout du moins je l’espère

Je vous remercie

Henri Fouquereau Président du Comité Directeur du Rassemblement du peuple français

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