Je vous invite à lire le texte ci-dessous écrit par mon ami Jean-François C., historien et enseignant à la Sorbonne. J’y souscris entièrement.
Jérome GARÇIA, Secrétaire Général délégué du Rassemblement du peuple français
« La suppression du corps diplomatique par Emmanuel Macron a déclenché à juste titre la colère des pensionnaires du Quai d’Orsay. Elle enterre plusieurs siècles d’excellence diplomatique française, construite depuis le XVIe siècle. Les diplomates feront désormais partie d’un pot commun de la haute fonction publique, composé d’administrateurs pouvant passer d’un ministère à l’autre. En clair, un préfet et un ambassadeur pourront désormais être interchangeables. Ils ne seront plus forcément jugés sur leur compétence, mais sur leur capacité à évoluer dans la carrière en bénéficiant de réseaux leur permettant de briguer les plus hautes charges diplomatiques. Pourtant, la diplomatie française reste une filière d’excellence, reposant à la fois sur l’expertise et sur la bonne connaissance du terrain de ses membres. C’est donc tout un savoir-faire qui est menacé. En outre, cette décision est un dégât collatéral de la démagogique suppression de l’ENA. Sous couvert de ne pas fixer les élèves dans certains grands corps à la sortie de l’école, le gouvernement introduit les conditions d’un spoil system à l’américaine, dans lequel les hauts fonctionnaires ne seront pas choisis en fonction de leur mérite, mais de leur collusion avec le pouvoir en place.
La suppression du corps diplomatique prend donc place dans une vision beaucoup plus globale du pouvoir macronien qui, sous prétexte de s’attaquer aux privilèges des grands corps de l’État, va tuer plusieurs pôles d’excellence. Emmanuel Macron prépare méthodiquement la liquidation de l’État qui pourrait avoir lieu durant son second mandat. N’ayant pas l’obligation d’être réélu, le président de la République risque de n’être dicté que par sa seule idéologie libérale, ce qui le poussera à réaliser des réformes dévastatrices pour l’État, considéré comme un des derniers remparts du conservatisme face à la loi de l’offre et de la demande. Par exemple, les projets d’autonomie totale des établissements scolaires annoncés durant la campagne présidentielle risqueraient de détruire le système scolaire français tel qu’il existe depuis Jules Ferry. Pourtant, l’exercice du pouvoir aurait pu entraîner une prise de conscience qui a eu en partie lieu sur le plan économique, avec la remise en place d’une vraie stratégie industrielle, ainsi que par le retour de l’actionnariat public dans certains grands groupes. Mais l’État n’est pas uniquement un régulateur du marché : il est aussi un instrument capable d’assurer la cohérence d’une politique et l’unité d’une nation. C’est cette double caractéristique fondamentale qui n’a pas été perçue par la majorité, alors que l’État manque cruellement de moyens pour assurer la cohésion du pays, dans le domaine de la sécurité, de la justice, ou encore de l’éducation.
L’État est donc menacé dans son essence même. Ce sont ses deux piliers fondamentaux, que les Romains appelaient la potestas (la puissance) et l’auctoritas (l’autorité légitime) qui sont en péril. La puissance de l’État est remise en cause par la baisse de ses moyens financiers, intellectuels et humains qui apparaît dans l’agenda politique d’Emmanuel Macron. Son autorité et sa légitimité sont, pour leur part, battues en brèche par la Nupes. Cette coalition s’est réalisée sous l’égide de partis tels que la France Insoumise ou Europe Écologie les Verts, dont l’un des fonds de commerce consiste à s’attaquer à un prétendu « racisme d’État », notamment dans le domaine régalien. C’est pour cette raison que les Français doivent se mobiliser massivement lors des élections législatives, afin de faire barrage à ce double projet de sape de l’État présenté par la majorité sortante, ainsi que par l’opposition de gauche. »