Le 7 avril 1947, le général de Gaulle lança le Rassemblement du Peuple Français. A nous tous de le faire revivre pour sauver la France.
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J’ai fait connaître quelles étaient, à mon sens, les institutions qui s’imposaient pour la France et pour l’Union française, et j’ai adressé à mes compatriotes, à mes concitoyens des avertissements pressants – je les ai adressés à temps – des avertissements pressants quant au jugement qu’ils allaient porter. On sait ce qu’il est advenu. La constitution en vertu de laquelle tous les pouvoirs publics procèdent dans leur source et reposent dans leur fonctionnement d’une manière directe et exclusive sur les partis et sur leur combinaison, cette constitution a été acceptée par neuf millions d’électeurs, rejetée par huit millions, ignorée par huit millions, mais elle est entrée en vigueur.
On voit, maintenant, ce qu’elle donne. Il est clair que la France n’a pas, à sa tête, à l’heure qu’il est, un Etat dont l’efficience, l’autorité soient à la hauteur des immenses problèmes qui se posent à elle. L’action économique, l’action sociale, l’action impériale, l’action extérieure nous appellent et nous pressent pendant que nous zigzaguons sur une route bordée de précipices. Faudra-t-il donc que nous demeurions indéfiniment dans cet Etat ruiné, exaspérant, où des hommes qui travaillent à une même tâche opposent organiquement leurs intérêts et leurs sentiments ? Serons-nous toujours condamnés à osciller douloureusement entre un système suivant lequel des travailleurs ne sont que des instruments dans l’entreprise dont ils font partie et un autre système qui conduit tous et chacun, corps et âme, à l’écrasement sous une monstrueuse machinerie totalitaire et bureaucratique ? Mais la solution humaine, française, pratique, de cette question qui domine tout n’est ni dans cet asservissement des uns, ni dans cette servitude de tous. Elle est dans l’association libre, digne, féconde de tous ceux qui, dans une même entreprise, mettent en commun soit leur travail, soit leur technique, soit leurs biens et qui s’en partageraient, à visage découvert, en nommant les actionnaires, les bénéfices ou les risques. Ce n’est, évidemment pas, cette voie que préconise ni ceux qui ne veulent pas admettre que la dignité de l’homme est non seulement un devoir moral mais encore une condition du rendement, ni ceux qui ne conçoivent l’avenir que sous la forme d’une [inaudible]. Mais nous avons à nous tirer d’affaire, à nous tirer d’affaire par un long et puissant effort. La cause est, maintenant, entendue. Nous n’y parviendrons pas en nous divisant et subdivisant en catégories opposées. Nous n’y parviendrons pas si l’Etat est bâti pour fonctionner sur la seule base de ces divisions et des groupements qui les expriment. La République que nous avons fait sortir du tombeau, où l’avait ensevelie le désespoir national, la République que nous avons rêvée tandis que nous luttions pour elle, la République, dont il faut qu’elle se confonde maintenant, avec notre rénovation. La République sera l’efficience, la liberté et la concorde ou bien elle ne sera rien que désillusion et impuissance, en attendant soit de disparaître, de noyautage en noyautage sous une certaine dictature, soit de perdre, dans l’anarchie, jusqu’à l’indépendance du pays. Il est temps que les Français et les Françaises qui pensent et qui sentent ainsi, c’est-à-dire, j’en suis sûr, l’immense masse de notre peuple, s’assemblent pour le prouver. Il est temps que se forme et que s’organise le rassemblement du peuple français.